Les Etats-Unis paieraient-ils à la France leur dette d'il y a un siècle et demi ?
DExtrait du journal (Lucien Chassaigne) parution du jeudi 3 mars 1927 :
« Il est bien exact que le Sénat américain a voté une motion dans laquelle il se déclare prêt à examiner dans quelle mesure les Etats-Unis pourraient payer à la France les dettes contractées envers elle par le gouvernement des Etats-Unis il y a plus de cent ans lors de la guerre d’Indépendance. Cette nouvelle a pu paraître à beaucoup paradoxale et être accueillie avec un sourire d’incrédulité, mais elle ne saurait surprendre ceux qui ont suivi avec attention la très vive campagne entreprise il y a dix huit mois aux Etats-Unis, c’est-à-dire peu de temps avant que le gouvernement français engageât officiellement les pourparlers de règlement, par un groupe important d’universitaires, d’économistes, de pasteurs, de parlementaires pour amener le gouvernement américain à renoncer à réclamer à la France tout remboursement de l’argent prêté à l’occasion de la Grande Guerre ou à tout le moins lui consentir sur le total fixé par les comptables une très forte réduction. Cette campagne n’a pas eu chez nous le large retentissement qu’elle méritait. Ses promoteurs l’appuyaient de trois ordres d’arguments : c’est le secours militaire et financier de la France qui a permis aux révolutionnaires de 1777 à 1783 de remporter la victoire, grâce à laquelle les Etats-Unis devinrent une nation. Des sommes importantes prêtées par la France à cette époque ne lui ont jamais été rendues. Enfin les sommes que l’Amérique a à son tour a prêtées à la France avant l’entrée effective en ligne des troupes américaines n’ont été que la contribution du gouvernement américain à la lutte dans laquelle il s’était engagé alors qu’il «était matériellement incapable d’apporter à ses alliés un secours militaire de quelque valeur. Quoiqu’il en soit, il reste établi que onze millions de livres prêtés de 1776 à 1783 n’ont jamais été remboursés à la France, capital ni intérêts. Il est vrai que la France ne les a pas réclamés Combien valent-ils aujourd’hui ? (on est en 1927) Il importe assez peu : ce qui compte c’est l’exemple. »
(article paru dans le journal de Lucien Chassaigne le jeudi 3 mars 1927) |